2020 : réactivité, souplesse et créativité, tant de la part des participantes que des équipes

Alors qu’en février, les cours du nouveau semestre étaient complets, les locaux ont été fermés, en raison de la pandémie, mi-mars. Immédiatement, les Espaces Femmes ont réorganisé tous leurs axes d’intervention. Dès lors, un contact hebdomadaire s’est établi entre les formatrices et les participantes, par téléphone et par application de messagerie. Les éducatrices ont conçu des capsules vidéo pour les enfants. Les travailleuses sociales ont maintenu les permanences d’accueil par téléphone et par courriel. Elles ont également recensé les aides et les soutiens disponibles, afin de continuer d’assurer l’orientation dans le réseau et la diffusion des messages de prévention concernant la situation sanitaire.

En raison de la fermeture des locaux, le premier semestre est considéré comme semestre « blanc » pour les femmes inscrites dans les cours de français et de couture. Elles ont donc été réinscrites au deuxième semestre, afin de leur garantir, malgré cette situation, un parcours d’apprentissage de qualité.

La reprise au deuxième semestre, fin août, s’est déroulée suivant un plan de protection strict mais avec l’engagement de toutes, participantes et membres de l’équipe. Les cours, tous complets, ont été donnés en présence. Le taux de participation a même été excellent et les participantes ont exprimé leur confiance et leur reconnaissance à l’égard d’Appartenances.

Dès fin octobre, les Espaces Femmes ont dû suspendre les ateliers ponctuels, les sorties et les moments qui peuvent créer du lien et de la cohésion. La visioconférence a été utilisée. Cet outil connaît cependant certaines limites, notamment quant à la création de liens entre participantes.

S’adaptant à la situation sanitaire, les Espaces Femmes ont participé au développement digital d’Appartenances dans le cadre, notamment, des cours de français. Ces nouveaux outils demandent de nouvelles compétences et l’introduction du numérique dans les cours de français (alphabétisation et français débutant) se poursuivra en présence car elle demande un accompagnement conséquent.

Malgré la longue interruption du printemps 2020 et l’incertitude constante, les cours des Espaces Femmes ont été remplis et plus de 700 femmes et enfants ont pu être accueilli·es. Les participantes se sont engagées dans leur apprentissage et les collaboratrices se sont investies dans de nouvelles démarches créatives et des pratiques professionnelles en transformation. Cela est d’autant plus important dans une période où la précarité et l’insécurité sont en augmentation. Les Espaces Femmes sont et demeureront des espaces de respiration pour les femmes et leurs enfants.

Un lieu qui a poursuivi ses activités d’accueil et de formation, autant que possible

En mars, les activités de l’Espace Hommes ont été suspendues, à la suite de la fermeture de l’ensemble des locaux d’Appartenances. Pendant deux mois, toute l’équipe a continué d’assurer un contact téléphonique une à deux fois par semaine, cela pour maintenir le lien avec les participants. L’équipe de professionnel·les est également restée soudée, en organisant des colloques hebdomadaires réguliers par vidéo.

Durant les périodes de fermeture, des exercices de français ont été envoyés aux participants par courrier postal. En effet, il était difficile de leur proposer des ateliers à distance car un grand nombre d’entre eux ne bénéficient pas d’une connexion internet fiable. Dès le retour des participants sur le site, les exercices envoyés ont été repris et corrigés avec les formatrices et formateurs.

À partir du 11 mai, l’Espace Hommes a pu ouvrir une permanence sociale tous les matins, à laquelle les participants pouvaient se rendre sur inscription. Les liens avec les participants ont été de ce fait consolidés et le suivi fut assuré. Dès le mois de juin, l’équipe de l’Espace Hommes a à nouveau accueilli des participants, dans le respect d’un strict plan de protection édicté par l’organisation. Des ateliers quotidiens, basés sur l’apprentissage du français, ont été organisés en petits groupes. Les activités de formation et l’accompagnement social se sont donc poursuivis.

Dès le 28 août, le programme d’ateliers initialement prévu a pu reprendre dans son intégralité, en groupes restreints de participants.

Ainsi, l’équipe de l’Espace Hommes s’est adaptée, a su modifier ses habitudes de prise en charge des participants et faire preuve de créativité. En réduisant notamment le nombre de participants inscrits habituellement, l’Espace Hommes a pu offrir aux bénéficiaires un temps de présence régulier, tout en respectant les normes sanitaires. En effet, nombre de structures du canton de Vaud ont été plus longuement fermées. Appartenances a choisi de permettre à l’Espace Hommes de poursuivre sa mission, autant que possible, pour assurer aux participants un suivi dans leur formation et un lieu d’accueil en cette période particulière.

Davantage encore qu’en 2019, l’Espace Hommes a dû refuser bon nombre de demandes venant du réseau médical et social. En effet, la réduction du nombre de participants aux activités requise par les plans de protection ne lui a pas permis d’accepter de nouvelles personnes dans son dispositif. Néanmoins, cette demande croissante d’inscriptions à l’Espace Hommes montre l’importance et la contribution de ce lieu pour les hommes issus de la migration se trouvant en difficulté à un certain moment de leur vie.

Dans un souci de constante évolution et d’amélioration continue de son dispositif, l’Espace Hommes renforce sans cesse la qualité de la prise en charge, afin de répondre au mieux aux besoins des hommes migrants en situation de vulnérabilité.

La CPM a été plus que jamais indispensable aux patient·es en cette année particulièrement difficile

Ayant proposé plus de 10 500 heures de consultation à plus de 800 patient·es en 2020 sur ses trois sites de Lausanne, Vevey et Yverdon-les-Bains, les équipes pluridisciplinaires de la CPM (médecins psychiatres, pédopsychiatres, psychologues-psychothérapeutes, physiothérapeutes, travailleur social) offrent des traitements spécialisés, selon différentes approches et cadres de référence théoriques, adaptés en fonction du type de problématique. Ces traitements se font par le biais d’entretiens individuels, de couple, de famille, ainsi que par des approches corporelles et groupales.

En cette année 2020, les mesures liées à la pandémie de Covid-19 ont bousculé les équipes et les patient·es de la CPM. Lorsque le premier confinement a conduit à suspendre toute activité sur les sites de consultation en mars, l’équipe a dû mettre en place rapidement de nouvelles façons de travailler. Durant deux mois, toute l’activité de consultation s’est déroulée à distance (téléphone ou appel vidéo) avec, lorsque cela était nécessaire, un·e interprète communautaire. L’équipe a fait preuve d’une flexibilité remarquable face à cette nouvelle réalité, tant sur le plan thérapeutique que technique.

Les patient·es ont pu ainsi bénéficier de la poursuite de leur suivi pendant la pandémie, ce qui leur a été salutaire. En effet, le confinement a fait ressurgir des vécus de guerre pour certain·es. Parallèlement, cela a aussi réactivé les ressources que ces personnes avaient su mobiliser pendant ces périodes d’adversité et de pénurie. Leur faculté d’adaptation à cette situation inédite de la pandémie a été admirable.

Dès la reprise des consultations en présence, un groupe de psychoéducation et d’activation des ressources propres aux patient·es a été mis sur pied. De plus, le « Dispositif d’inspiration ethnopsy », qui permet de travailler avec les représentations culturelles liées à la maladie et à la souffrance, a aussi été proposé aux patient·es. Cadre atypique de psychothérapie, ce dispositif vise à faire émerger, identifier, mobiliser et prendre en compte les dimensions socioculturelles des patient·es qui n’ont pas été exprimées, reconnues, ou traitées jusque-là.

En 2020, la CPM a également pu diversifier son offre de soins. L’engagement d’une pédopsychiatre permet d’accueillir en consultation des enfants de 0 à 18 ans. Certain·es sont des enfants de patient·es déjà suivi·es par la consultation. De plus, l’arrivée d’un assistant social dans l’équipe a apporté une contribution indispensable aux patient·es et aux clinicien·nes, leur permettant notamment d’obtenir des aides, de faire valoir des droits ou de débloquer des situations psychosociales complexes.

En 2020 encore, les représentants de l’ISFM (Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue) de la FMH ont évalué la CPM, comme cela se fait périodiquement, et la reconnaissance comme lieu de formation postgraduée pour l’ambulatoire (C2) a été renouvelée.

Enfin, les thérapeutes de la consultation ont contribué cette année encore aux activités du secteur Formation d’Appartenances, notamment dans les cursus sur les traumatismes psychiques et le traumatisme vicariant. Les praticien·nes sont intervenu·es auprès des institutions vaudoises et romandes. Ce dialogue permanent entre le terrain, les apports théoriques et la formation permet d’enrichir constamment les soins offerts aux personnes migrantes à la CPM et dans le réseau vaudois. Les thérapeutes ont également contribué à la formation des interprètes communautaires.

La CPM poursuivra son activité particulière et nécessaire, améliorant sans cesse ses pratiques, ses connaissances et ses compétences au service de ses patient·es.

L’interprétariat communautaire : une activité nécessaire et fondamentale en cette année de pandémie

En 2020, le nombre d’heures d’interprétariat communautaire a légèrement augmenté par rapport à l’année précédente et ce, malgré la période de semi-confinement. En effet, au printemps, beaucoup de consultations médicales ou d’entretiens dans les services sociaux ont été reportés et dans les écoles, annulés. Si les interprètes communautaires ont continué à se déplacer chaque fois que la situation l’exigeait, l’interprétariat à distance a cependant été largement recommandé et sollicité durant cette période. Les interprètes, les bénéficiaires et les professionnel·les s’y sont adapté·es très rapidement. Pour garantir la qualité du service, une formation continue sur l’interprétariat à distance, à l’intention des interprètes, a été immédiatement organisée. De plus, l’application informatique de demandes de prestations, mise en place un an plus tôt, a considérablement facilité le passage aux interventions à distance : 11 023 heures d’interprétariat à distance en 2020 ont été réalisées (161 heures l’année précédente). Parmi ces interventions, les prestations à distance de plus longue durée (de 40 minutes à 1 heure) ont également été sollicitées, notamment dans le cadre de prises en charge psychothérapeutiques.

Bien que l’interprétariat en présence reste un dispositif apprécié et souvent indispensable pour assurer la qualité relationnelle et la bonne compréhension entre interprètes et bénéficiaires, l’interprétariat à distance est sans doute une option intéressante à pérenniser.

Durant l’année, l’équipe s’est donc adaptée à la situation, en contribuant également à la transmission d’informations et au maintien d’activités à distance. Le secteur a, par exemple, traduit des dispositifs d’activités et des consignes élaborés par des établissements scolaires à l’intention de parents d’élèves allophones. Le secteur a également collaboré à la traduction de sous-titres de vidéos et de tutoriels destinés au public des institutions socio-sanitaires du canton. Enfin, le secteur a participé à des recherches et des enquêtes, telles que celles du Département de psychiatrie du CHUV : – « Consultations psychothérapeutiques en temps de pandémie » – ou d’Unisanté consacrée à la sérologie de la population qui, grâce aux contributions d’interprètes/médiateur·trices interculturel·les, a pu inclure des requérant·es d’asile.

La formation des interprètes communautaires a été maintenue tout au long de l’année 2020 par visioconférence. L’encadrement des interprètes, les séances de supervision et les séminaires de formation continue ont eu lieu à distance dès le mois d’avril. Afin d’assurer une offre de qualité, la responsable de la formation s’est formée aux outils de formation en ligne et a pu préparer à son tour toute l’équipe d’intervenant·es. Enfin, le secteur a collaboré à plusieurs reprises avec Migrations Santé Alsace, en France, et la Faculté de traduction et d’interprétation de l’Université de Mons, en Belgique.

Les interprètes communautaires d’Appartenances sont resté·es au service des professionnel·les des institutions sanitaires, sociales et des écoles du canton de Vaud tout au long de l’année, malgré la situation sanitaire. Répondre aux besoins des institutions clientes a été un objectif primordial. Ce but a été pleinement atteint.

Le secteur Formation d’Appartenances a su rebondir et s’adapter aux imprévus de l’année 2020

Face à l’interdiction de dispenser des formations en présence, lors du premier et deuxième semi-confinements, le secteur Formation, soutenu par son équipe de formateurs et formatrices, a fait preuve de réactivité, de flexibilité et de professionnalisme. Pour répondre à ses engagements, un certain nombre de dispositifs de formation ont été repensés pour être dispensés à distance.

Dans son offre de formations 2020, le secteur a souhaité élaborer un catalogue représentatif des axes d’intervention d’Appartenances. Cette année, il a notamment proposé des formations adressées aux professionnel·les de la santé. Une formation portant sur le traumatisme vicariant a été donnée à trois reprises durant l’année et a été une grande réussite. Ainsi, les formations, notamment celles consacrées aux traumatismes, ont continué de susciter un grand intérêt et il convient de relever que 42% des participant·es aux formations du catalogue 2020 travaillaient dans le domaine de la santé.

De même, le secteur Formation avait programmé des tables rondes interdisciplinaires – qui ont été annulées pour cause de Covid-19 – pour souligner la transversalité des sujets abordés. En effet, des thématiques en lien avec l’actualité, telles que « les mineur·es non accompagné·es devenu·es jeunes adultes » ou « le vécu des personnes migrantes et son impact sur l’apprentissage de la langue d’accueil », constituent une composante essentielle dans l’offre de formation d’Appartenances à l’intention des professionnel·les.

Le secteur a également réévalué le dispositif des formations, en les proposant dans un format plus court, afin, notamment, de les rendre plus abordables.

Malgré les nombreux rebondissements de l’année 2020, les formations figurant au catalogue et qui ont pu être proposées, ont toutes affiché complet (augmentation de 30% du taux de participation par rapport aux années précédentes). Grâce à une stratégie de communication renouvelée et dynamisée, capitalisant sur de nouveaux outils digitaux (y compris la conception d’un nouveau site web avec un catalogue de formation en ligne), le secteur Formation a pu confirmer la place d’Appartenances dans le domaine de la formation continue sur les questions liées aux migrations, à l’interculturalité et à la violence organisée.

Comme chaque année, les partenaires du réseau d’Appartenances ont fait appel au secteur Formation. En 2020, ce sont surtout des mandats régulièrement reconduits qui ont été proposés à une vingtaine d’institutions. La qualité de la collaboration et la confiance mutuelle ont été, cette année encore, une réalité.

Porté par le dynamisme de son équipe, le secteur Formation a également construit avec les autres secteurs d’Appartenances un projet institutionnel visant à digitaliser les activités de formation de l’ensemble de l’association. Chargé de la mise en place et du déploiement d’outils de visioconférence, le secteur Formation a également mené une campagne de recherche de fonds qui a permis l’acquisition de tablettes et d’autres appareils techniques, déployés, notamment, dans le cadre des activités des Espaces sociaux.

L’année 2021 s’annonce déjà riche en collaborations et en innovations dans ce domaine.